J’ai passé 35 ans à faire du yoyo…

1er octobre 2004

 

 

Bonjour, je m’appelle Liliane et je suis boulimique. Lorsque je suis arrivée en OA, je venais résoudre mon problème de poids. J’ai passé en effet 35 ans à faire du yoyo et traîner un surpoids en perpétuelle augmentation.

J’ai donc écouté témoignages et partages, lu la littérature OA. Certes, j’étais mieux en réunion, mais, rentrée chez moi, confrontée à cette nourriture que je ne gérais pas, je ne comprenais ni mon fonctionnement ni la façon d’aller bien. Cependant, j’ai vite entrevu que, plutôt qu’un problème de poids, j’avais un problème de comportement alimentaire.

COMMENT changer ? QUE changer ?

Certes, je savais bien, ayant suivi 36 régimes des plus variés : dissocié, hyperprotéiné, hypocalorique, de hautes calories ou calories vides ( ?) sans oublier « œuf dur – pamplemousse » (qui substitue une crise de foie au surpoids) ananas, diète, et autres…comment répartir les aliments et combien de calories représentaient 100g de viande ou 3 prunes, mais cela ne m’empêchait nullement, me faisant houspiller au travail, ayant une grande joie ou une déception, de courir à tout moment au frigo ou au placard pour me consoler, « m’anesthésier » de mes émotions, en quelque sorte.

Donc, ayant admis mon impuissance devant la nourriture, je devais aller plus loin. Je découvris au fil des réunions que le mal en moi était plus profond et qu’en fait j’étais malade de mes émotions, ce qui entraînait un disfonctionnement dans tous les domaines de ma vie.

J’ai encore résisté, voulant contrôler à tout prix mes peurs, mes joies, ma vie…alors même qu’elle était devenue des plus insensées.

Et puis un jour, sortant d’une réunion j’ai dit « ça y est, j’ai compris ce qu’était lâcher prise ». Il m’a semblé que cela m’était brusquement révélé (mais, bien sûr je travaillais le programme depuis longtemps déjà). Et j’ai lâché prise à partir de ce jour là : la nourriture compulsive est complètement sortie de ma vie dès lors. Je m’applique à être dans mes 24h pour mes projets, à ne pas me préoccuper pour l’avenir, à m’aimer un peu plus chaque jour et faire des choses pour moi ( vêtements, sport, repos ou cadeau).

« ET LA NOURRITURE ? » direz-vous. Et bien, la nourriture, je la gère quand elle arrive sur la table. Si je suis invitée, je mange ce qu’on me présente, en évitant de me resservir mais sans « passer » un plat et sans compter les calories. Lorsque mon couvert est posé, le repas est fini et je n’y pense plus jusqu’au prochain. Quel repos ! Quel temps aussi pour me promener ou travailler… et puis je suis revalorisée à mes propres yeux (plus besoin de mentir ou me cacher). Certes, invitée je mange encore trop parfois mais, un jour à la fois, je redécouvre le goût des aliments (deviendrais-je gourmet ?) et aussi les sensations de faim et de satiété qui m’étaient étrangères.

« ET CHEZ TOI ? » Chez moi, j’ai mis en place une stratégie pour me protéger car je reste fragile émotionnellement. Donc, le lundi matin, juste après mon petit déjeuner (j’ai l’estomac plein , je ne vais pas saliver devant des aliments inutiles ou nocifs pour moi) j’établis mon menu de la semaine, la liste de courses qui en découle et vais faire ces achats. POINT FINAL.

J’ai mes provisions pour ma semaine, donc je ne vais pas rajouter 100g de pain ici, 3 figues là, un caramel ailleurs. Je n’ai plus à y penser, et cela sort de ma tête. Depuis que je fonctionne ainsi, je n’ai plus de réserve démentielle ni d’aliments à risques ( pour moi le sucre principalement). Et j’ai donc trouvé mon abstinence pour moi, c’est éviter toute bouchée compulsive c’est à dire ne manger qu’au repas et lorsque j’ai faim.

« ET TES EMOTIONS ? » Celles-là, elles font partie de la vie, elles seront toujours dans ma vie. J’y fais face en téléphonant aux amis, en lisant la littérature OA, en étant très assidue aux réunions, en faisant un peu de service . Et puis je pleure, je ris ( au lieu de manger) je savoure aussi mieux chaque petit bonheur qui m’est accordé.

MON ABSTINENCE m’a apporté la paix avec moi-même, un peu plus d’estime, et tout un nuancier de sensations nouvelles : gustatives, olfactives et spirituelles. Je sais que la perte de poids ( déjà commencée) viendra à son tour comme un cadeau. Mais ma préoccupation essentielle aujourd’hui n’est plus mon poids mais mon abstinence, à laquelle je travaille, un jour à la fois.