1er octobre 2004
témoignage de Sandrine
Bonjour, je suis aujourd’hui boulimique, avant j’étais droguée de la bouffe.
J’en avais marre d’avoir toujours mal à la tête et envie de vomir après m’être empiffré durant des heures… je ne pouvais plus rien faire à la maison… je criais toute la journée après les enfants, je voulais tout quitter, ma famille que j’avais construit avec mon mari, ma maison, pour aller où ? J’ai rencontré une amie OA qui parlait des problèmes de bouffe et d’un groupe…qu’avant de connaître OA elle est allée voir les alcooliques anonymes (AA) non sans difficultés…moi dans ma tête c’était décidé, il fallait que je m’en sorte. Je me suis renseigné pour connaître les groupes avec réunion ouverte et je suis allée seule (sachant que cette amie serait là avec d’autres) mais je suis entrée seule dans cette réunion, bien décidée et bien accueillie. Dès que la réunion a commencé, il suffisait dans les partages de remplacer le mot alcool par nourriture et je me reconnaissais en chacun des malades qui parlaient…oui malade, car je suis malade.
Je suis donc allée de novembre à février une fois par mois chez les AA, puis en février je me suis rendue à la Convention OA Ouest à Saint-Brieuc ( réunion se déroulant sur un week-end. ) Je me suis retrouvée dans cette fraternité que forme les OA.
Des amis m’ont dit :
» -Voilà une amie qui veut bien ouvrir un groupe avec toi dans ta ville, vous êtes deux. Alors, ouvres un groupe dans ta ville.
– Oui mais comment faire ?
– Trouves une salle pas chère.
– Oui mais après ?
– On viendra t’aider ! «
Je savais que je n’avais pas beaucoup de temps à consacrer pour ouvrir ce groupe mais je me suis dis « pour bouffer j’ai toujours le temps alors tu veux t’en sortir ou pas ? ! » Je ne me suis plus posé de questions. Je suis rentrée de cette convention (extraordinaire) et je me suis occupée à trouver une salle. Après avoir visité plusieurs locaux, j’ai pris le moins cher (15 F la séance) dans un endroit accessible par le bus. Petite annonce dans le journal local pour annoncer l’ouverture d’un groupe OA pour toutes les personnes souffrant de boulimie et d’anorexie. Enfin le grand jour 17 février 1999 – 20 h 30 ouverture, nos amis sont au rendez-vous, ceux qui m’ont dit « ouvre le groupe ! » .Ils viennent de faire 1 heure de route, ils referont 1 heure de route pour le retour… Une amie OA modère, moi c’était ma première réunion (hors convention) nous étions… Je ne me souviens plus mais je me souviens d’une amie qui venait pour la première fois et avec qui nous avons fais un long chemin par la suite… Cela a été une réunion super, les suivantes aussi, beaucoup de demandes d’aide, de personnes de passage, de souffrances, de rires, de partages.
Au bout de 3 mois nous avons fêté le groupe qui va bien avec des fleurs et des bougies… Nos amis qui venaient nous aider étaient toujours fidèles malgré la route, des amies AA aussi sont venues plusieurs fois nous parrainer. Moi j’allais mieux, le groupe allait bien. Une amie était déjà abstinente grâce à ce simple programme. Moi je me suis rendue compte que mes crises de boulimie étaient de moins en moins fortes et de plus en plus espacées. En juin je me suis aperçue que je n’en faisais plus…A une réunion nous étions » deux anciennes » et six nouveaux, j’ai paniqué, je modérais mais je me suis dis » tu peux y arriver ». C’est ce qui s’est passé, la réunion s’est très bien déroulée, j’ai réussi à faire passer le message, heureusement !
L’été arrivait, je savais que je serais absente de début juillet à fin août, il fallait que le groupe reste ouvert. Bien sur beaucoup de bonnes volontés mais pour prendre des responsabilités ce n’était pas facile, surtout pour prendre la clef, ouvrir la salle (que j’ouvrais tous les mercredis) s’occuper de la comptabilité… Je commençais à me prendre la tête et puis je me suis dis : Je ne suis pas chez les OA pour m’en faire alors laisse faire les choses, demande de l’aide et puis si la salle ne peut pas être ouverte tant pis.
Eh ! Bien la salle a été ouverte tout l’été, non il n’y a pas eu de personnes à venir mais l’essentiel c’est que le jour où je suis revenue fin août, la porte était ouverte et ce n’était pas moi qui l’avais fait et la réunion a eu lieu. Le mois de septembre a été difficile, peu de monde, celles qui étaient venues au printemps ne sont pas revenues, pourquoi ? C’est leur problème.
Moi j’allais bien, j’étais heureuse de me retrouver dans le local qui était un petit chez moi, j’étais abstinente, il fallait pour mon rétablissement que le groupe marche. Petit à petit des personnes sont revenues mais c’était surtout des amis de passage. Nos amis qui faisaient la route venaient de moins en moins, il fallait que l’on se débrouille, normal l’amie qui avait ouvert le groupe avec moi était trop mal, elle ne venait pas régulièrement, elle n’arrivait pas pourquoi ? Cela lui appartient… L’autre amie qui a été la première abstinente dans le groupe ne revenait plus pourquoi ? Cela lui appartient… Moi je voulais que ça marche, mais j’étais fragile, je doutais, mais une chose que je savais c’est que j’étais abstinente, je gagnais chaque jour l’abstinence et pour cela j’étais heureuse. Je me disais tiens le coup jusqu’à la prochaine convention de Saint-Brieuc en février 2000. Ton groupe est jeune. Une amie était aussi abstinente depuis 1 mois, d’autres arrivaient et quelques- unes commençaient à rester, il y en à encore qui à ce jour sont toujours dans le groupe et abstinente… janvier est passé, difficile, puis février …
Convention de Saint- Brieuc, très bon partage, constitution du Territoire Ouest. Cela m’a donné beaucoup de courage cette fraternité qu’est OA. On me présente une amie qui a quelques années d’abstinence et surtout du programme, elle a beaucoup d’humilité, elle me dit : « je viens habiter la ville où tu vis »… Quel cadeau !Le groupe a fêté ses 1 an …bougie …fleurs, très belle fête, très belle réunion, nos premiers amis sont toujours là, 1 heure de route pour venir, 1 heure pour le retour. Des amis sont restés de plus en plus, le groupe est soudé, il va bien, moi j’ai fêté ma première bougie en juin 2000, je me suis donc pour aujourd’hui en voie de rétablissement, confiante et abstinente.
Je vais régulièrement en réunion car je me méfie de cette maladie. Je sais qu’aujourd’hui je peux m’appuyer sur le groupe, j’ai des amis OA « Super », je sais que si je ne pouvais plus me rendre à ces réunions le groupe lui continuerait d’exister, c’est pour moi un grand soulagement. La porte, cela fait des mois que ce n’est pas moi qui l’ai ouverte. Nous avons changé de local, maintenant, il est plus grand, plus accueillant et surtout plus facile à trouver.
Je voulais écrire ce témoignage pour que toutes celles et ceux qui souffrent de problèmes de nourriture comme moi sachent qu’il existe des groupes AA qui ouvrent leurs portes. Et que malgré des passages difficiles un groupe OA peu s’ouvrir près de chez soi. Je voulais dire que « lentement ça se fait » et que je vais bien grâce aux réunions. Je voulais dire aussi que je ne me souviens pas de tout mais que j’ai écris ce témoignage avec sincérité pour partager mon expérience et aider d’autres OA. Je voulais remercier les amis OA qui m’ont permis d’ouvrir le groupe et qui ont fait tant de kilomètres pour qu’il existe. Remercier tous ceux qui sont passés, tous ceux qui restent et qui viennent régulièrement en réunion et qui me permettent d’aller bien aujourd’hui.
Merci. MERCI à vous de m’avoir lu.